Le Mathisong

25 août 2019 0 Par Aline Conord

Encore une nuit où Mathis a mal dormi. Les cauchemars hantent ses nuits de bébé et à deux ans le sommeil c’est sacré.

Mamie accoure dans la chambre de son petit fils et le console du mieux qu’elle peut :

– Ne crains rien, demain avec Papi tu fabriqueras un piège à cauchemars !
– Çà existe un piège à cauchemars ? C’est comment ? Cria Mathis tout énervé.
– Bien sûr que çà existe ! D’ailleurs avec Papi tu en feras un.
– Mais comment ?
– Le piège à une forme rectangulaire ou ronde suivant ton dessin
– C’est un dessin alors ?
– Non, c’est une boite magique !
– Une boite magique, comme ta boite à couture ?
– Si tu veux, mais en plus à l’intérieur il y a des tas de petits trous multicolores. Dès que l’intérieur s’éclaire, une musique très douce attire le cauchemar vers elle.
– Comme l’abeille quand elle fait bzz…bzz…. ?
– Oui comme l’abeille. Alors le cauchemar est tellement curieux, qu’il oublie de t’embêter, il entre dans le piège pour écouter la musique. Ensuite il disparaît toute la nuit, et toi petit bonhomme tu peux dormir tranquille.
– Ça marche toujours ? s’inquiéta Mathis.
– Toujours, rassura Mamie, demain tu te mettras vite à l’ouvrage avec Papi et je te garanti le succès !
– Tu en avais un, lorsque tu étais petite ?
– Oui ! Même ta maman
– Mais où est le sien ? Je ne l’ai jamais vu ?
– Dans son coffre à jouets je crois !
– Je peux le prendre pour cette nuit dis Mamie ?
– Non ! mon petit il ne fonctionnera pas pour toi, il faut en faire un ! En attendant rendors-toi vite ! Nous verrons demain !
– Je vais te chanter une chanson, ainsi tu seras moins énervé.

Mathis se rendormit rassuré. Il rêva qu’un piège avala ses vilains cauchemars. Le matin très tôt, après avoir prit son déjeuner Papi entraîna son petit-fils dans l’atelier.

– Explique-moi Papi comment je dois faire ?
– Dessine sur ce papier la forme de ton piège ! Ensuite d’après ton modèle je le construirais en bois. C’est bien plus solide !
– Il n’est pas en papier alors ? Çà sera chouette !
– Le papier vois-tu, ce n’est qu’un patron !
– Tout comme les grands couturiers ? Rétorqua Mathis.
– Il faut que je sache combien tu veux que l’on fasse de trous ?
– Je n’en ferais pas beaucoup, je ne veux pas que les cauchemars s’échappent !

Mathis, très attentif, traçait des ronds, tirait la langue lorsque l’effort devenait pénible. Il dessina son piège à cauchemars avec l’ardeur et la vivacité de ses deux ans.

– Dis Papi de quelle taille doivent être les trous ?
– Tu en fais des grands pour les gros cauchemars et quelques petits pour les petits cauchemars ! Tout dépend de toi !
– Je n’en ferais pas trop car mon piège ressemblerait à un gruyère !

Mathis et Papi riaient de bon cœur. Toute la matinée, le grand-père et le petit-fils s’activèrent autour de leur ouvrage. Papi rabotait, Mathis dessinait.

– Lorsque j’aurais collé les bouts de bois, tu peindras le piège ! Dis Papi
– Je le peindrais en rouge cria Mathis, pour que le cauchemar le voit de loin
– Et a l’intérieur j’installerai une petite lampe, dis Papi
– On dirait une maison de poupée ! S’exclama Mathis
– A table ! Cria Mamie, cet appel les fit sursauter Alors il avance ce travail ! Continua Mamie
– Oui ! Tu verras mon piège sera beau ! C’est magnifique !
– Dis-moi, il faut lui donner un nom à ton piège, il faut le personnaliser !
– C’est quoi personnaliser ?
– C’est quelque chose qui garde ton empreinte, ton nom
– Comme je m’appelle Mathis, ce serait chouette de le baptiser Mathiiiiiii
– MATHISONG ! Cria Papi, ce n’est pas mal ! Qu’en penses-tu Mamie ?
– Pas mal du tout ! Cela sonne bien, en anglais song veut dire chanson et Mathis n’est-il pas un merveilleux chanteur ?

Mathis battait des mains, il était heureux

– Ouais ! C’est super ! Cria-t-il

Mathis s’empressa de demander à ses grands parents

– Va-t-il fonctionner dès ce soir ?
– Oui ! tu déposeras ton mathisong sous le lit, à l’intérieur du piège je vais installer un mécanisme musical. Lorsque tu sentiras le sommeil arriver, tu tireras sur cette cordelette et ton mathisong va s’éclairer. Comme tu as peint l’intérieur en rouge les cauchemars seront attirés par la couleur, et là mon petit, hop ! les cauchemars seront pris au piège. Toi tu dormiras comme un bienheureux et eux les vilains cauchemars resteront enfermés dans le piège.
– Ouais ! Ouais ! Cria Mathis ! Ce sera formidable, vivement la nuit que je vois si tout a bien fonctionné.

Mathis s’activa toute l’après-midi pour terminer son piège et quand enfin la nuit fut venue

Il n’avait qu’une hâte se coucher. Son piège é tait superbe, il avait une forme originale, il ressemblait à un trapèze. Il n’avait fait que quatre trous, pour éviter la fuite des cauchemars. Les côtés étaient peints en rouge et vert. Sur le dessus Papi avait gravé « MATHISONG ».

Avant de s’endormir, Mathis tira sur la cordelette, le piège s’éclaira et une douce musique le berça. Cette nuit là les rêves de Mathis furent merveilleux, il ne se réveilla pas une seule fois.

Le lendemain matin, Mathis se leva de très bonne humeur, il était heureux et criait :

– Mamie ! Papi ! Venez dans ma chambre, mon mathisong a marché, tous les cauchemars doivent être dans le piège car j’ai bien dormi !!!!

Papi et Mamie échangèrent un clin d’œil complice et terminèrent leur petit déjeuner.