Les Reves d’Arthur
Un
jour la maîtresse d’école demanda aux élèves de raconter
leurs rêves…
Hélas ! Arthur ne se souvenait jamais de ses rêves.
Il avait beau essayer de fermer les yeux et d’y penser très fort, rien
n’y faisait. Il était désespéré. D’autant que ses
petits camarades arrivaient bien à se souvenir.
– Tu n’es qu’un paresseux, lui dit sa maîtresse, allez fait un effort
! Et chaque soir, avant de t’endormir, bois du lait chaud, tu verras tes rêves
viendront tout seul ! Le lendemain tu pourras nous les raconter… Regarde Hector
et Marius , ils savent me les raconter !
Les deux élèves riaient et se moquaient d’Arthur.
– Je vais essayer, promit Arthur très tristement (comme ils m’agacent
Hector et Marius) pensa Arthur, je parie qu’ils inventent leur rêve pour
être bien vu de la maîtresse. Ce soir j’irais vite au lit, je prendrais
un bol de lait chaud et je ferais travailler mes méninges !
– Pourquoi vas tu te coucher si tôt ? s’étonna sa maman, tu es
malade ?
– Non ! Il faut que je rêve, alors j’y vais !
– Mais les rêves ne sont pas sur commande, s’inquiéta sa maman.
Qu’est-ce que cette histoire
encore ? Tu me caches quelque chose, tu as une
mauvaise note ?
– Non maman ! je t’assure, il faut que je me souvienne de mon rêve pour
le raconter demain.
Et voilà Arthur qui essaya de s’endormir et de rêver. Hélas,
le lendemain matin, au réveil les yeux d’Arthur étaient encore
remplis de sommeil mais pas de rêve.
– Quel désespoir ! gémit-il, toute la classe va encore se moquer
de moi !
Effectivement, Hector raconta son merveilleux rêve, dans lequel il était
un chasseur de papillons, Marius était un cheval magnifique…
– Si encore, j’avais rêvé que j’étais, moi Arthur, ce petit
garçon rouquin et malicieux qui gambade dans la cour de récréation
? Même pas, rien, le néant. J’ai le cerveau vide ! Sans rêve
!
Pauvre Arthur , il se lamentait sur son banc et pleurait à n’en plus
finir.
Un arbre qui perdait ses feuilles, car nous étions en automne, remarqua
ce pauvre petit garçon qui pleurait.
– Arrête de m’arroser les pieds , lui cria l’arbre , je vais devenir un
saule pleureur ! Dis – moi plutôt pourquoi tu as ce gros chagrin ?
– Je suis la risée de ma classe , car je suis incapable de rêver.
– Hum ! C’est étrange , car tout le monde rêve ! Si tu essayais
d’inventer un rêve cela marcherait sans doute.
– Non ce serait un mensonge et c’est vilain de mentir.
– Alors ! Dans ce cas débrouille toi ; moi je voulais simplement te rendre
service !
Au fond, pensa Arthur, l’arbre a peut être raison, je vais inventer un
rêve.
Il prit une grande feuille de papier et se mit à écrire, au fur
et à mesure qu’Arthur écrivait, son imagination s’enflammait .
Il se mit à écrire n’importe quoi et n’importe comment. Ses phrases
n’avaient ni queue ni tête. Par exemple il écrivait :
» Aujourd’hui j’ai parlé à un arbre qui en avait marre de
me voir pleurer car mes larmes lui arrosaient les pieds… Mais lui , il ne
se rend pas bien compte qu’il perd ses feuilles et qu’elles m’agacent à
tournoyer autour de moi !… « .
Je cherche un rêve, et je ne le trouve pas, rien ne se pointe à
l’horizon ! Rêve où es-tu ? Rêve m’entends-tu ?
Arthur fit un effort surhumain et se concentra au maximum pour inventer un rêve.
A ce régime, il fatigua vite son cerveau et finit par trouver le sommeil.
Il s’endormit d’abord doucement, faiblement, puis de plus en plus profondément.
Enfin, Arthur s’endormit à poings fermés, sur le banc dans la
cour de récréation.
Les feuilles de l’arbre continuèrent de tomber et recouvrirent entièrement
le corps d’Arthur. Soudain le miracle se produisit Arthur se mit à rêver.
D’abord des petites bulles éclatèrent devant ses yeux et pénétrèrent
dans sa tête. A ce moment le rêve prit sa véritable ampleur.
Arthur était devenu un magicien vêtu d’une cape lumineuse, il portait
un chapeau claque. Avec sa baguette magique il fit sortir trois colombes de
son chapeau. Ensuite sa cape se transforma en tapis volant, ce tapis l’emporta
dans les airs à la façon d’un cerf-volant.
Il vola ainsi au dessus des montagnes et des océans. Il écarquillait
les yeux et regardait autour de lui. Les arbres, les fleurs, les animaux et
les enfants, volaient comme Arthur. Il était entré dans le pays
du rêve.
Le rêve est une magnifique planète volante ou les parfums nous
enivrent , les couleurs nous émerveillent et les musiques nous bercent.
Arthur se sentait léger comme une plume. A sa grande surprise il vit
Hector ; Marius et sa maîtresse d’école, sur la planète
du rêve.
– Comme ils sont beaux ? Regardez mes amis cria Arthur, moi aussi je suis entré
dans le monde. C’est un monde merveilleux.
– Viens avec nous ! cria Marius, tu vas voir là-bas au bout de ton rêve,
il y en aura d’autres encore, plus doux, plus merveilleux que les premiers.
– Sois le bienvenu dans le monde du rêve ! lui chanta une petite fille
qui volait.
– Tiens, pensa Arthur on dirait ma copine Stella ? Elle aussi elle rêve
?
Pendant des heures interminables, Arthur dormait sur son banc . La maîtresse
d’école essaya en vain de le réveiller :
– « Arthur ! Réveille – toi , la classe est finie . Tu vas avoir
froid sur ce banc ? »
Rien n’y fit ,Arthur continuait de dormir et de rêver .Il était
parti dans son monde féerique avec ses petits camarades de classe . Il
voyageait par dessus les villes, les villages, les plaines.
Il vit sa maman qui le félicitait car il venait d’obtenir la meilleure
note pour son devoir. Elle lui donnait des confiseries et lui criait :
– Arthur ! Arthur ! réveille toi mon petit. En réalité
sa maman était inquiète. Elle avait fait venir le docteur, car
Arthur dormait depuis plus de trois jours.
– Voyez-vous, dit le docteur, Arthur ne semble pas malade, il a l’air en bonne
santé, ses joues sont bien roses, regardez- le, il sourit !
– Oui, il sourit, mais il ne bouge pas beaucoup dit la maman .
– Il respire normalement, rassura le docteur, s’il est fatigué laissez
le dormir.
Arthur continuait de dormir et de rêver. Maintenant tous les gens du village
étaient inquiets, le curé, le boulanger, le boucher, tous passèrent
près d’Arthur et le regardèrent dormir.
Cela fait trois mois qu’Arthur dort sur ce banc recouvert de feuilles mortes.
Il était devenu la distraction du village.
– Il n’a pas maigri , il est tout souriant et il semble en pleine forme dit
le docteur.
Personne ne pouvait réveiller Arthur , les rêves l’avaient emporté
si loin , si haut ……
Les saisons passèrent très vite , l’hiver était fini et
le printemps commençait à faire pointer les bourgeons.
L’arbre avait perdu toutes ses feuilles, mais les nouvelles toutes petites et
toutes vertes poussèrent. Les oiseaux chantaient sur les branches. Une
légère brise vint caresser la joue d’Arthur. Au contact du froid
Arthur bougea, s’étira sur son lit de feuilles mortes et bailla à
se décrocher la mâchoire.
De ses yeux ronds tout étonné , il regarda autour de lui et se
demanda combien de temps il avait dormi. Tous les gens du village étaient
autour de lui, le docteur, le boucher, la maîtresse d’école, les
élèves et sa maman.
– Comme il est mignon ! s’étonna une petite fille , il est tout roux
et tout ébouriffé !
– Alors Arthur ! lui dit gentiment la maîtresse d’école, tu as
passé un bon hiver ?
– Oh oui ! maîtresse et j’ai bien rêvé cette fois – ci !
Les enfants se mirent à rire, Arthur ne comprenait pas pourquoi les enfants
riaient. Sa maman le savait et vous le savez-vous ?
En réalité, Arthur était un petit écureuil tout
roux. Il s’était égaré dans la cour de l’école et
il avait choisi ce banc sous l’arbre pour passer l’hiver.
Il avait entendu les enfants parler de leurs rêves un jour de septembre
à la rentrée des classes.
Voilà pourquoi depuis toujours les écureuils hibernent . En vérité
je vous le dis, ils rêvent…